Tu es partie…

Tu es partie ce matin et l’annonce de ton départ est un poids sur ma vie, une déchirure…
Ces dernières années, nos chemins ne s’étaient pas recroisés.
J’avais l’intention de te retrouver … et j’ai trop attendu.
Je croyais avoir le temps…

Le souvenir de nos heures passées à nous parler, de ton extrême sensibilité, des blessures que tu portais enfouies au fond de toi… tout m’est  revenu en bloc.
Tu avais un respect infini des autres, une classe naturelle, une intelligence fine et une empathie rare.
Mais tu portais en toi des papillons noirs parfois insupportables pour toi…
Tu étais entourée d’une famille très aimante, attentive et pleine d’humour.
Tu connaissais ta chance, tu me disais tes bonheurs, mais tu me confiais aussi ta difficulté à supporter les douleurs de la vie.
Chez toi, elles se traduisaient par des maux physiques qui te faisaient souffrir, par une angoisse lancinante…
Tu disais combien tu t’en voulais de te plaindre « pour rien », que tu te sentais coupable de le faire alors que d’autres étaient plus malheureux que toi.
Tu ne te plaignais pas pour rien… tu avais mal…
Je te disais qu’il n’y avait pas de hiérarchie dans les souffrances, qu’elles avaient toutes leur légitimité. 
Comme tous ceux qui t’aimaient, je t’écoutais, j’essayais de trouver les mots pour te réconforter.
Il y avait en toi une telle mélancolie…

Et puis un jour, ma vie a chaviré et je suis partie pour revenir plus tard, en mauvais état.
J’ai utilisé ces mois, ces années à me reconstruire doucement, toute seule dans mon coin.
Je pensais souvent à toi, mais je ne trouvais pas la force de t’appeler.
Comment allais-tu me recevoir?
Aurais-tu encore envie de me retrouver?
Je n’osais pas…

J’attendais.
Je savais simplement qu’un jour, je t’appellerais.
C’est ce que je recommençais à faire ces jours-ci: je reprenais contact avec des êtres aimés.

Et puis il y a eu ce téléphone, et l’annonce, ce matin…
Tu as choisi de partir.
Et je reste là, sous le choc.
Que s’est-il passé en toi?
Depuis, je pense à tes proches qui doivent souffrir un véritable martyre…
Je pense à toi… au désespoir qui a dû être le tien pour accomplir ce geste fatal.
Je pense à toi, je t’accompagne sur le chemin où tu avances désormais.
Et je m’en veux.

Si  je t’avais appelée, aurais-je pu te redonner l’envie de continuer?

Cette question me vrillera le coeur jusqu’à la fin de mes jours. 

 

Martine Bernier

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