Les facéties du Capitaine

L’esprit facétieux de mon Capitaine ne s’amenuise pas avec le temps.
Il adore me faire rire et y arrive souvent.
Dernièrement, il avait un rendez-vous important.
Avant de partir, il se campe devant moi et me dit, un petit sourire aux lèvres:

– Bon! Salut!

Estomaquée, je le regarde:
– Pardon?! Comment ça, « Salut »?
– Hum. Alors… « Salut Poilu »? C’est mieux?
– Absolument pas! Non mais!

Jouant le repentir, il  me prend dans ses bras.
Tandis que je grogne:  « Salut Poilu »… franchement! Les hommes sont des gamins! » , je le sens glousser, hilare.

Il se rend à son rendez-vous, revient en fin de matinée.
Peu avant midi, alors qu’il vient de jouer avec Pomme qui exprime bruyamment sa joie, il entre dans mon bureau et pose un sachet devant moi:

– Cadeau! C’est pour toi!

Un pain long aux raisins, tel que je les aime et qu’il est allé chercher spécialement de l’autre côté de la frontière.
Voilà qui rachète tous les « Salut Poilu » venus et à venir!
Pendant le repas, il se lève et, avant de se resservir, dépose une petite portion de coquillettes dans l’assiette de Pomme.
Ce qui provoque illico mes protestations:
– Non… Tu sais bien qu’elle ne doit pas manger ce genre de choses… Ce n’est pas bon pour elle, et, en prime,  elle a déjà mangé ce matin!

Trois phrases plus tard, nous sommes passés à autre chose.
Il n’aura fallu que vingt secondes à Pomme pour engloutir cette manne céleste.
Après le repas, je coupe un morceau de pain aux raisins sous l’oeil amusé de Celui qui m’accompagne:
– Tu aimes cela? Et bien tu n’en auras plus!
– Heu… pourquoi?
– Pomme aussi elle aime les coquillettes, mais elle n’en aura plus non plus! C’est la dure loi de la vie…

Son oeil pétille: il ne compte pas s’arrêter là, visiblement…
Après m’être battue avec un pot de confiture maison récalcitrant, je lui tends l’objet du délit en lui demandant s’il veut bien me l’ouvrir.
Avec son sourire le plus charmant, il prend le pot, et ne fait pas mine d’y toucher davantage, mais me glisse:
– J’aurai encore le droit de redonner des coquillettes à Pomme?
– Certainement pas!
– Alors… je crois que je ne vais pas arriver à l’ouvrir!
– Oh! Du chantage! Ca, c’est bas, c’est petit!

Le repas se termine dans un fou rire, et nous continuons à parler de nos projets de courtes vacances.
Je sais qu’avec lui, je ne risque pas de m’ennuyer!

Martine Bernier

 

 

 

 

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