Michel Bouquet: un géant…

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Voici quelques jours, je vous parlais d’une interview que j’ai pu faire et qui a été pour moi un très beau moment.
Aujourd’hui qu’elle est publiée depuis le début du mois dans le magazine « Générations Plus », je peux vous révéler le nom de celui avec lequel j’ai eu la chance de converser.
Il s’agit du comédien  Michel Bouquet.
J’admirais la subtilité et la justesse du grand comédien qu’il est, j’ai découvert la sagesse et la gentillesse de l’homme.
Je vous livre ici l’interview et la fin de notre conversation.

« Je suis un artisan bien plus qu’un artiste! »

 A l’affiche du Théâtre du Crochetan où il s’apprête à jouer sa pièce fétiche « Le Roi se meurt » de Ionesco, Michel Bouquet a accepté de jouer le jeu de l’interview.

Qu’est-ce qui vous séduit dans le rôle de ce Roi si particulier?
C’est la pièce en elle-même qui me touche. Le talent de Ionesco est exceptionnel. Dans les chef-d’œuvre de cet ordre, la pièce a chaque soir une résonnance différente en moi comme en chacun des acteurs qui la jouent, y compris après l’avoir interprétée des centaines de fois. C’est un grand honneur pour moi de la reprendre. J’apprends tous les jours de ce texte, il a toujours quelque chose à nous dire en fonction de l’époque où la pièce est jouée.

–  Quel regard portez-vous sur votre carrière?
Celui d’un artisan. A chaque fois, j’apprends quelque chose par rapport à ce qu’est le théâtre, j’apprends quelque chose sur la vie. Je suis persévérant. Avec les grands auteurs, je touche à une facette que la vie nous cache et que les pièces nous révèlent. Il est impossible de m’en lasser…

–       Y a-t-il un grand rôle que vous n’avez pas joué et que vous auriez rêvé d’interpréter?
Non. Moins que les rôles, c’est toujours aux pièces que je suis très attaché. C’est la fascination que j’éprouve pour un auteur qui me motive. Et comme j’ai souvent rejoué les pièces de ceux que j’aime, je ne ressens aucune frustration.

–       Vous êtes actuellement en tournée, avec un rythme de vie fatiguant. Comment le supportez-vous?
Mon épouse (Juliette Carré) joue avec moi dans « Le Roi se meurt ». Nous nous encourageons l’un l’autre! Bizarrement, nous pouvons être très fatigués par les voyages, les changements d’hôtels, et malgré cela… tout s’efface dès que nous entrons au théâtre. Les choses se font naturellement. Dès que mes camarades entrent en scène, écouter le texte me fait repartir dans un autre monde. Nous sommes entrainés par la puissance de la situation. En tournée, nous ne visitons plus les villes que nous traversons, mais je les connais déjà pour y avoir joué très souvent.

–  Votre mémoire ne semble pas altérée par l’âge…
C’est ma grande angoisse de tous les jours: le trou de mémoire! Pendant certaines heures de la journée, pour l’éviter, j’effectue la relecture du texte. J’ai beau avoir joué cette pièce 700 ou 800 fois à des âges différents, il n’empêche que la mémorisation est un travail journalier. Ma mémoire est mon outil de travail, j’en prends soin.

Quel rapport entretenez-vous avec la Suisse et son public?
Je connais très bien certaines villes de votre pays, comme Bâle, Genève ou Monthey. Le public y est très chaleureux, extrêmement attentif. Les contacts que j’ai avec les spectateurs sont très touchants. C’est un plaisir…

– Votre rôle dans « La Petite chambre » a-t-il modifié votre regard sur les EMS?
Oui, ce rôle a transformé ma vision des choses. Mais personnellement, je ne crois pas que je vivrais une situation semblable à celle du personnage. Je suis toujours accompagné par les auteurs que je lis. Je suis un grand lecteur… je partirais donc en maison de retraite avec mes livres et leur univers!

Avez-vous transmis votre passion pour le théâtre à vos enfants?
D’une certaine façon… J’en ai trois. L’une veut devenir cantatrice et s’y emploie, le deuxième est cuisinier, et le troisième est un peu peintre et un peu cinéaste. Ils réaliseront leurs propres œuvres…

L’interview terminée, je lui ai combien j’avais adoré sa prestation dans le film « Renoir ».
Et nous avons parlé de ce personnage dans la peau duquel il s’est plongé durant toute la durée du tournage.
Cette interview dont je n’ai livré que l’essentiel en raison de la place qui lui était réservée dans le magazine, fait partie de celles que je ne l’oublierai pas.
Michel Bouquet et les acteurs du « Roi se meurt » seront ce soir au Crochetan.
Je regrette immensément de ne pouvoir y être… c’est le spectacle que j’aurais voulu ne pas manquer cette année…

Propos recueillis par Martine Bernier

 

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