Quand Monet a découvert Giverny…

Le jardin de l'artiste à Giverny, vers 1900 Claude Monet
Le jardin de l’artiste à Giverny, vers 1900
Claude Monet

C’est par un jour de printemps de 1883, le 29 avril exactement,  que Claude Monet a commencé à louer sa demeure de Giverny, qu’il a investie le 21 juin de la même année.

Elle appartenait à un propriétaire du crû, Louis-Joseph Singeot.

Pour l’artiste, la maison était idéale pour y loger sa compagne, Alice, les dix enfants nés de leurs précédents mariages, et le personnel de maison engagés pour le service.

Huit pièces et deux mansardes: l’endroit est vaste, bien loin des petits appartements parisiens où Monet se trouvait à l’étroit.

Bon, évidemment, les jours de grands vents,  humer le parfum pestilentiel du tas de fumier de la basse-cour du voisin n’est pas idéal, mais il en faudrait plus pour décourager la famille.
Le véritable souci vient d’ailleurs.
Même s’il sait que lorsque la grange sera transformée en atelier, il pourra y peindre, le peintre n’a plus d’inspiration.

Ici, du jardin au verger, tout lui plaît, tout est beau.
À ce point qu’il ne sait par où commencer, comment aborder ces merveilles en étant digne d’elles.

Mille idées grouillent dans son esprit: des projets de toiles, bien sûr, mais aussi des plans pour transformer son jardin en œuvre d’art au sein de laquelle les fleurs s’épanouiraient en chaque saison.

Il ne manque pas d’idées, mais sait que les travaux qu’il envisage couteront extrêmement cher.

Cette situation l’angoisse tellement qu’il fume comme un sapeur pour se calmer les nerfs.

La période est difficile pour lui, ponctuée par la mort de son ami Edouard Manet, le 2 mai de la même année.
Ses proches ont beau l’encourager, Monet traverse une période d’introspection.
Jusqu’au jour où il reçoit une lettre datée du 17 juin, provenant de Georges de Bellio, un docteur roumain original, connu pour être un grand amateur d’art.

Il l’ouvre et la lit tout haut, pour que son épouse puisse profiter de son contenu, elle aussi:

« Il paraît que Giverny est un endroit délicieux, et je ne doute pas que vous rapportiez une foule de toiles, autant de chefs-d’œuvre.
Je dis une foule de toiles car, avec votre prodigieuse activité et votre non moins prodigieuse facilité, peindre, pour vous est, comment dirai-je, d’après nature.
Songez que vous prenez la succession de Manet et que l’opinion publique vous a placé à la tête du remarquable mouvement artistique dont la France a donné l’exemple.
Manet est mort. 
Vive Monet! »

Il lui fallait ce genre d’encouragement pour retrouver le chemin de ses toiles…

 Martine Bernier

références: « Le roman vrai de l’impressionnisme », Thomas Schlesser et Bertrand Tillier, Beaux-Arts Editions.

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