Un Noël différent (1)

Cette année, pour Noël, Kim, 7 ans, mon premier petit-fils de coeur et grand frère de Tanawee, mon petit-fils de sang, n’était pas là pour Noël qu’il passait dans la famille de son papa.
Il nous a énormément manqué.
J’attendais avec impatience ce réveillon de Nouvel An que la famille avait décidé de lui consacrer comme étant une sorte de deuxième Noël, rien que pour lui.
En fin de matinée,, Kim, sa maman, son petit frère et mon fils cadet sont arrivés pour passer la journée avec nous avant que nous ne nous déplacions  chez mon fils aîné et sa compagne pour le réveillon.
Comme toujours, Kim est venu se percher sur l’accoudoir de mon fauteuil et nous avons feuilleté les nouveaux livres pour enfants que mon Capitaine et moi avons installés dans la bibliothèque à l’intention des plus petits.
Il m’a raconté ce qu’il a vécu ces dernières semaines puis… nous en sommes venus au point délicat dont je voulais lui parler.
Cette année, j’ai décidé de ne pas céder à la pression: je voulais ne lui offrir que des jouets intelligents et créatifs.
Je ne voulais absolument pas tomber dans le travers des consoles et autres jeux électroniques et, de plus, ne lui offrir aucune boîte Légo.
Il fallait lui annoncer en douceur ce qui l’attendait.
Quand je lui ai appris mon choix, Kim a eu l’air très inquiet.
– Mais… les Légo, c’est intelligent!
– C’est vrai. Mais à force de t’en offrir, ce n’est plus une surprise. Et puis Yann t’aide à les faire et moi, je veux t’offrir des choses qui vont te surprendre, que tu vas reprendre souvent, qui vont t’accompagner.

Pour lui, ce n’était manifestement pas une bonne nouvelle.
Dans sa tête, clairement, jeu intelligent = jeu ennuyeux.
Je suis donc passée à l’attaque et j’ai sorti mes arguments les plus percutants.

– Tu sais ce que je pense des jeux vidéos. C’est bien de temps en temps, pour te distraire, mais, à la fin, tu finis par ne plus jouer qu’à cela si tu n’y fais pas attention. Mais tu n’apprends rien du tout avec eux. Ils vident ton cerveau… Quand tu joues à cela, tu ne parles à personne, tu ne touches rien, tu n’inventes rien, tu ne découvres rien. Et ton cerveau devient tout rabougri!

Kim est très réfléchi.
Je voyais bien qu’il sait au fond de lui que je n’ai pas tort.
Je lui ai donc envoyé mon argument massue:
– En plus, imagine un enfant qui ne joue qu’avec des  jeux vidéos. Il a tout: les consoles les plus belles et les plus modernes, tous les jeux, un ipad, un ordinateur, un iphone…

Il me regarde, émerveillé:
– Il a de la chance!
– Si tu veux. Et imagine maintenant que, tout d’un coup, c’est fini, il n’y a plus d’électricité. Plus rien… Elle ne revient pas, nous devons apprendre à vivre sans. Qu’est-ce qu’il devient?
– Heu… il peut encore jouer avec l’Ipad et l’Iphone.
– Oui, quelques heures. Mais après? Plus de batteries… et plus d’électricité pour les recharger.

Son regard est atterré.
Je continue:
– C’est fini. Il n’a plus rien pour jouer…

Cette fois, il a compris.
– C’est pour cela que, ce soir, tu découvriras d’autres jouets et d’autres jeux qui, eux, seront toujours avec toi même s’il n’y a pas d’électricité! D’ailleurs tu sais, tu peux jouer à plein de jeux sans rien avoir en main. Par exemple, puisqu’on parle de survie, j’ai toujours adoré le jeu du « Qu’est-ce que j’emmènerais sur une île déserte? »
– C’est quoi?
– Et bien… admettons que tu es sur un bateau qui fait naufrage. Tu te retrouves tout seul sur une île où n’y a que des cocotiers, une petite rivière d’eau douce, de la forêt  et une plage. Il y a du gibier et du poisson. Rien de dangereux, sur l’île, mais tu vas devoir te construire de quoi survivre en attendant que l’on vienne te chercher. Heureusement, tu as pu sauver un grand coffre dans lequel tu as tous les objets que tu as pris avec toi en cas de naufrage comme celui-ci, justement. Qu’est-ce que tu as mis dedans?

Il réfléchit longuement.
– Un seau.

Nous discutons sur le choix de son seau, puis nous demandons à sa maman et à mon fils ce qu’ils prendraient.
Le jeu prend de l’ampleur et Kim s’y « pique » au point d’aller chercher une feuille et un stylo dans mon bureau.
Il trace des colonnes, une par personne et inscrit la liste de chacun dans une orthographe un peu approximative,  convient que nous serons par équipe de deux ou de trois sur l’île (à deux, ça fait moins peur…).
A la fin du jeu, qui nous tient un bon moment, sa liste comprend un seau, un marteau, un couteau, un matelas, un bateau gonflable, une très grande tente dans laquelle il a installé un canapé,  des coussins, des clous et des bougies.
Et il rit de certaines autres listes dont celle de sa maman qui a pris un livre saint, un canif, une casserole, un sac à dos, des graines de soja, du Doliprane, des allumettes, une brosse à dent et du thé!

Il doit bien le reconnaître: nous nous sommes amusés… sans rien.

Après avoir joué à un « jeu des questions » très prisé dans la famille, arrive l’heure d’aller voir ce qui l’attend sous le sapin dans la maison de Sébastien et Magaly.
L’heure est grave…
Mais cela… c’est une autre histoire!

Martine Bernier

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