Le visage de Mukandayushumiye

La semaine dernière, un courrier m’est arrivé de l’association PLAN
Elle contenait un petit dossier me donnant des nouvelles de la petite fille que je parraine au Rwanda.
Mon attention a d’abord été attirée par deux photos de Mukadayushummiye.
Elle n’a pas dix ans, et elle a déjà un visage de personne très âgée.
Son expression grave, ce visage qui ne sourit pas…
J’avais déjà ressenti le même malaise lorsque je l’ai découverte en photo la première fois.
Peut-être est-elle simplement intimidée par le photographe ou l’appareil…
Depuis les derniers clichés, elle a à peine changé.
Il semblerait qu’elle ait un peu grandi.
Cette fois, elle n’a plus le crâne rasé, mais des cheveux très courts.
Les photos sont prises sur un dégagement de terre qui ressemble à un chemin.
Derrière elle, des buissons et des palmiers, une végétation maigrichonne.
J’ai lu très attentivement les documents joints aux photos, destinés à me donner des nouvelles de sa vie et des projets menés dans la région où elle vit avec sa famille.
Mukandayishimie va à l’école primaire qui se trouve à environ 1h30 de chez elle.
Ce qu’elle préfère à l’école? Le sport!
Elle st en bonne santé et n’a souffert d’aucune maladie grave au cours de cette année.
Heureusement: l’infrastructure médicale la plus proche de chez elle se situe à deux heures de route…
Dans sa région, plusieurs projets ont vu le jour grâce à l’aide des membres de PLAN.
Les familles ont pu bénéficier ainsi de traitements médicaux et de chirurgie, de bourses d’études pour les élèves et des activités ont été mises en place pour favoriser la protection des enfants contre les abus, l’exploitation et la négligence.
J’ai voulu en savoir plus à ce sujet et j’ai cherché le passage consacré à l’éducation des filles, vitale à mes yeux.
Il était écrit ceci:
« Les échanges avec les jeunes, les parents et les dirigeants locaux organisés par PLAN ont révélé qu’une vingtaine de filles abandonnent l’école chaque année pour cause de grossesse dans le district de Gatsibo. Elles sont enceintes de leurs proches, oncles, cousins, pères, enseignants et/ou de cyclistes qui leur donnent un peu d’argent en échange de faveurs sexuelles. Pour remédier à cette situation, l’association, en partenariat avec le FAWE (Forum for African Women Educationalists) a mené une campagne de sensibilisation contre les grossesse précoces, l’exclusion des filles à l’école et l’éducation des filles en général. Les filles vivant dans la zone opérationnelle de PLAN sont désormais assez audacieuses pour dire non aux hommes qui les harcèlent sexuellement. »

J’ai une profonde admiration pour le travail mené par ces équipes, par tous ceux et celles qui vouent leur vie à améliorer ces situations.
Le dossier se complétait avec des nouvelles des autres initiatives: le don de vaches exotiques et de chèvres aux familles, le programme de responsabilisation des jeunes vulnérables (60 filles et 40 garçons) pour l’acquisition de compétences telles que la plomberie, la mécanique, la conduite automobile, la menuiserie, l’hôtellerie, la soudure et la confection.  Deux écoles ont été raccordées à la source d’eau existante, des familles ont reçu des tôles pour la toiture de leur maison…

Tout est à faire, et rien ne semble décourager les équipes.
Je garde précieusement ces dossiers et je vais envoyer un message et quelques photos à ma petite filleule.
Envoyer un peu d’argent chaque mois n’est rien par rapport au travail accompli.
Mais j’aime le fait de participer à leur oeuvre, même si ce que j’apporte n’est qu’une goutte d’eau dans la mer…

Martine Bernier

 

par

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *