Le duo d’anniversaires et le vendeur de choux

– C’est trop bien…

Entendre Kim, mon premier petit-fils de coeur, murmurer ces quelques mots m’a fait un plaisir fantastique, ce mardi après-midi…
J’avais pris congé pour aller fêter son anniversaire et celui de sa maman, notre Fleur d’Asie.
Mon Capitaine et moi emportions un grand sac rempli de cadeaux, et… je craignais un peu les réactions.
Au milieu d’autres paquets plus classiques, il y en avait deux dont je ne savais pas s’ils leur plairait… car il s’agissait d’objets que j’avais faits moi-même.
Pour Jee, une mlni armoire relookée pour ses bagues, avec de multiples petits tiroirs.
Pour Kim… une petite mallette en carton que j’avais transformée en valise d’aventurier remplie de trésors.
En l’ouvrant, il y a découvert du matériel qu’y a déposé mon Capitaine: un gros canif militaire multi-lames frappé aux armes de son bataillon, une boussole faisant aussi office de loupe et de règle, un carnet pour ses notes assorti d’un stylo, un mousqueton pour fixer tout cela à sa ceinture, un sifflet « vrai de vrai », etc.
Je me demandais s’il allait apprécier l’idée au milieu des jouets qu’il a l’habitude de recevoir…
Et… oui!
Je lui ai donné ce paquet en lui expliquant que c’était son premier cadeau « de grand ».
Quelques minutes plus tard, il avait fixé les objets à sa ceinture, et nous lui apprenions la manière d’utiliser le canif sans se blesser.
Mais comme Kim est un sage, il m’a glissé: « Je crois que je vais attendre d’être un peu plus grand pour m’en servir… »
En revanche, il a commencé à prendre des notes dans son carnet de naturaliste, dessinant le nid d’oiseau qui se trouve depuis peu sur le toit de la terrasse où ils habitent…
Quatre oeufs y ont éclos donnant naissance à des oisillons affamés que Yann a pris en photo depuis l’une des fenêtres de l’appartement.
Un petit bonheur que toute la famille observe avec délectation!
Alors que nous étions tous à table, avec Yann et notre petit Tanawee, Kim m’a parlé du livre présentant les métiers que je lui ai dit avoir acheté.

– Oui, il est à la maison… Quand tu viendras, nous le regarderons. Tu verras, il est assez bien fait. Les auteurs ont pris à chaque fois un milieu particulier et ont détaillé tous les métiers que l’on peut y trouver. Par exemple, si tu imagines  un hôpital, à quels métiers penses-tu?
– Heu… vendeur de choux?

Nous nous sommes tous regardés, complètement perplexes, pendant une seconde, le temps de réaliser pourquoi il me disait cela.
Lorsque sa maman s’est retrouvée à la maternité après avoir donné naissance à son petit frère, l’an passé, les infirmières lui donnaient des feuilles de chou à poser sur sa poitrine pour la soulager.
Une pratique utilisée auprès de toutes les jeunes mamans de cet hôpital, et, semble-t-il, très efficace.
Sa réponse avait un sens…

A chacune de nos visites, je découvre les progrès de Nawee, mon petit-fils qui aura bientôt dix mois.
Bébé très aimé, il est visiblement heureux et beau comme les chérubins des toiles des plus grands peintres de la Renaissance .
Je suis fascinée de voir son intelligence se développer à travers tout ce qu’il fait.
Assis dans sa chaise, il n’arrivait pas à prendre le quignon de pain que sa maman lui avait déposé.
Il a donc mis au point une tactique qu’il a désormais bien rodée: il se jette en arrière, contre son dossier, conscient que chaque secousse fait bouger le plateau de sa chaise et descendre le pain qu’il n’a plus qu’à cueillir lorsqu’il arrive à sa hauteur.
Un peu plus tard, alors que je jouais au Stratégo Junior avec son grand frère et que nous avions tiré son parc plus près de nous, il a manifesté sa frustration de ne pas pouvoir jouer avec nous en faisant mine de pleurer.
J’ai pris un « bourriquet », l’ai fait tourner devant lui, et ai improvisé une petite chanson expliquant que Bourriquet n’aimait pas voir les bébés pleurer.
Tanawee a posé son visage contre son bras, fixant sur moi ses grands yeux et… il a souri.
Un sourire à faire fondre ce qui nous reste de banquise.
A chaque fois qu’il faisait mine de pleurer, je recommençais mon manège, et à chaque chanson, il me gratifiait d’un sourire.
Je regardais Kim qui me demandait si éventuellement « vous ne pourriez pas rester dormir ici? »,  le regard innocent de Nawee, les supplications de Jee nous demandant de « passer sur ses hôtels » dans la partie de Monopoly que nous avons jouée tous ensemble, la bonne humeur de Yann qui se piquait au jeu, Pomme qui dormait entre moi et Celui qui m’accompagne… et le petit paquet bien emballé que mon Capitaine avait mêlé aux cadeaux à mon intention: un carnet paperblanks reproduisant sur sa couverture des extraits d’écrits de Léonard de Vinci.
Des moments de bonheur pur…

Martine Bernier

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