Le Grand Duduche et le proverbe aux aurores…

Alors que je m’apprête à prendre la route blanche tandis qu’il neige encore, je découvre un  court message de l’une de mes correspondantes Facebook que j’apprécie.
Pour commenter une photo de fleurs que j’avais postée, histoire de remonter le moral des troupes qui, comme moi, n’aiment que modérément l’hiver, elle a écrit ceci:
« Dixit un landais ‘ »pingouins dans les champs, hiver méchant »…

Elle m’a amusée, cette petit phrase que j’ai retrouvée dans la liste des faux proverbes loufoques dressée par Wikipédia.
Il est tôt, soit.
Mais pas un chat (au sens propre comme au sens figuré) ne s’aventure dans les rues.
C’est donc un calme absolu que je réponds à un autre message me demandant pourquoi j’ai paru particulièrement bouleversée par l’assassinat de Cabu lors du massacre à Charlie Hebdo.
Chaque vie arrachée m’a brisée le coeur.
Mais Cabu, c’est vrai, tenait involontairement un rôle dans ma vie.
Enfant, après avoir lu et lu les magazines « Spirou » et « Tintin », j’ai en grandissant commencé à lire « Pilote ».
A l’époque, je ne savais pas qu’il y travaillait parce qu’Hara-Kiri était interdit de parution et qu’il lui fallait tout simplement trouver d’autres sources de revenu.
28Il a écrit des scénarios pour « Lucky Luke »,  mais surtout, il a créé le délicieux « Grand Duduche ».
Cet étudiant longiligne, rêveur, voire lunaire, était complètement décalé.
Derrière ses petites lunettes rondes, il  portait un regard détaché sur le monde.
Potache, il n’aimait pas trop travailler, n’aimait pas la discipline et les doctes, mais, surtout, était éperdument amoureux de la fille du proviseur qui, elle, ne lui accordait pas la moindre importance.
Duduche, c’était beaucoup Cabu et  un peu chacun de nous.
Je l’ai lu longtemps, toujours avec le même bonheur.
Je me souviens aussi avoir été complètement séduite par des croquis qu’il avait réalisés, ressemblant étrangement aux personnages de Jacques Tati. Cabu_carnets_de_croquis
Tout ce que j’aime.
Je les ai retrouvés sur Internet, les voici.
Comme tous les grands créateurs, Cabu est entré dans ma vie par le biais de son personnage, s’y est installé et faisait donc partie de cette « famille de références » comme celles que nous nous créons tous, dans laquelle figurent à leur insu celles et ceux qui nous ont marqués, influencés et/ou mis en joie.

Voilà pourquoi j’ai ressenti et je ressens toujours une tristesse infinie en repensant à la haine aveugle et la stupidité criminelle qui ont endeuillé ces jours de janvier 2015.

Martine Bernier

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