Bichon havanais: Pomme et l’été

– Pomme?

Mon Mogway, écroulé sur le sol, lève la tête et me lance un regard interrogateur.
Ma « bichonne  est accablée de chaleur et économise chacun de ses gestes.

– Tu ne veux pas boire? Regarde, c’est de l’eau fraîche…

Elle laisse retomber sa tête sur le sol, comme si l’effort avait été trop intense.
Et moi, je m’inquiète de la voir si peu s’hydrater…
Dix minutes plus tard pourtant, elle vient me chercher pour sortir.
La soirée a beau être entamée, dehors, c’est une fournaise qui nous attend.
L’air est étouffant, il doit encore faire plus de 30°…
En remontant à l’appartement, Pomme tire la langue.
Cette fois, j’agis.
– Tu ne veux pas boire? Alors viens: je vais te donner une douche.
Elle retourne prudemment dans le salon pour se soustraire à mon regard.
Mais j’insiste tellement qu’elle finit pas me rejoindre et à entrer dans la douche, avec des gestes précieux.
Une douche à peine tiède plus tard, elle file d’un bond hors de la salle de bain, galopant à toute allure d’une pièce à l’autre, nettement plus guillerette qu’elle ne l’était trois minutes plus tôt.
Mais je ne suis toujours pas satisfaite.
Comme je l’ai fait dans la journée, je n’arrête pas de lui répéter en lui présentant son bol d’eau:
– Pomme? Tu veux boire?

Rien à faire.
La nuit arrive et me surprend toujours à mon ordinateur.
Pendant que je travaille, j’ai laissé la porte-fenêtre du balcon ouverte.
Un vent chaud secoue doucement les feuillages.
Pomme fait des aller-retours sur la terrasse.
Elle semble guetter le retour de mon Capitaine.
Mais cette fois, il est tard.
Nous allons nous coucher.
Vers trois heures du matin, alors que je me suis levée pour refermer une fenêtre qui claque, je retourne dans la chambre et je réalise… que Pomme n’y est plus.
Mentalement, je soupire: si j’arrive à ne pas totalement me réveiller, je pourrai peut-être me rendormir facilement.
Mais si je sors de cette torpeur bienveillante, je vais cogiter jusqu’au matin!
Je murmure:
– Pomme? Viens!
Rien ne bouge.
Je dresse l’oreille et j’entends un bruit très caractéristique qui m’entraîne dans la cuisine.
C’est là que je découvre mon Mogway, buvant son eau à grandes lampées bruyantes.
Elle lève la tête, me regarde, retourne à sa gamelle et continue à boire.
Puis elle passe devant moi, trottine jusqu’à la chambre où je la suis, retourne dans son panier et me jette un coup d’oeil équivoque.
Son message est clair: « Tu viens dormir, maintenant que j’ai fait ce que tu voulais?! »

Martine Bernier

par

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