La Petite Danseuse de 14 ans

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Elle s’appelait Marie Genevieve van Goethem,  et son histoire me poursuit depuis des années.
J’ai d’ailleurs déjà parlé d’elle sur Ecriplume: Le particulier Edgar Degas et la petite Marie

Marie est la jeune fille que Degas a choisie pour poser pour lui lorsqu’il a créé la sculpture « La Petite Danseuse de 14 ans ».
Celle-ci a fait scandale, en 1881, lorsque le public l’a découverte.
Ce bronze avait la particularité de porter un tutu en gaze de tulle et un véritable ruban lui retenant les cheveux.
Pour la première version de cire de sa statue, qu’il a présentée à l’exposition des Impressionnistes, Degas avait été jusqu’à commander une queue-de-cheval à un fabricant de poupées.
La petite danseuse portait alors un corsage en soie et des ballerines miniatures.
La première sculpture naturaliste de l’histoire de l’art dit Frédéric Taddéï dans son livre « D’Art d’Art ».
Le public l’a détestée, moquée, critiquée…

Puis les temps ont changé et le monde a admiré l’artiste qui a été le premier a utiliser des matériaux aussi divers dans la sculpture.

Marie, elle, n’est pas devenue danseuse étoile.
Lorsque j’ai vu pour la première fois la statue au Musée d’Orsay, je suis tombée sous son charme et j’ai cherché à  savoir qui était le modèle.
Marie et ses deux soeurs, Antoinette et Charlotte, fréquentaient l’Opéra national de Paris.
Marie était née en 1865.
Ses parents étaient originaires de Belgique et se sont installés à Paris dans l’espoir d’améliorer leur situation économique.
La famille était pauvre et, malheureusement, leur installation dans la capitale française n’a pas arrangé les choses.
Logées dans le 11e arrondissement, les trois soeurs ont vite été confrontées aux bas-fonds parisiens.
À l’Opéra, elles étaient utilisées comme figurantes ou marcheuses, des emplois qui n’impliquaient pas de contrats fixes.
Marie, dit-on, a sombré dans la prostitution.
C’est tout un univers social et une misère humaine qui se cache derrière cette statue de petite fille sage…

Lundi, à la Fondation Gianadda, je suis tombée en arrêt devant une reproduction en résine de celle-ci, dans un format inhabituel.
Elle faisait  36 centimètres et trônait  sur un socle en bois.
Quand je la regarde, je vois à la fois le talent d’un artiste brillant, une jeune fille au destin déjà écrit, et un univers social triste à pleurer…
Je ne lui ai pas résisté.
Elle poursuit désormais sa vie dans mon salon, avec son tutu en tulle et son ruban décoloré…

Martine Bernier

 

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