Bichon havanais: Pomme et l’interdiction de séjour

– Dis, est-ce que tu pourrais prendre Pomme auprès de toi pendant un moment? J’ai plusieurs entretiens téléphoniques à faire, et comme elle adore aboyer quand je suis au téléphone, je préférerais qu’elle ne soit pas dans mon bureau à ce moment-là…

Affaire entendue: mon Capitaine appelle Pomme pour qu’elle le rejoigne.
Mais lorsqu’elle s’aperçoit que je ne l’accompagne pas, elle se précipite sur mes talons et me regarde d’un air dépité, la patte avant droite en l’air, comme à son habitude:
– Non Pomme, tu restes là. Je téléphone et je reviens…

Je suis rentrée dans mon bureau dont j’ai soigneusement fermé la porte.
Mais c’était bien mal connaître mon Mogwaï…

J’étais en pleine conversation lorsque j’ai vu cette fameuse porte  s’ouvrir très, très doucement.
Juste de quoi laisser passer le museau d’un bichon.
J’ai eu une envie de rire immédiate… mais je me suis reconcentrée sur mon interlocuteur.
Impossible pourtant de ne pas voir cette porte continuer à s’entrebâiller sur une vingtaine de centimètres pour laisser passer un bichon contorsionniste…
Puis j’ai entendu des petits pas discrets…
L’air de ne pas y toucher, Pomme, qui sait comment ouvrir la porte, était entrée incognito, était passée devant mon bureau à pas de loup, et était allée se glisser sans bruit dans son panier.
Elle avait compris qu’il ne fallait pas se faire remarquer.
Et moi, j’étais au bord du fou rire.

Quand j’ai terminé ce premier entretien, j’ai raccroché et j’ai interpellé mon Mogwaï:
– Dis donc, toi, qu’est-ce que tu fais là, mmm? Allez, viens, je te ramène chez Bruno!

Je me suis rendue dans le bureau de mon Capitaine, hilare lui aussi quand il a appris ce qu’avait fait ce petit personnage dont il était censé être le baby sitter.
Au risque de passer pour un coeur de pierre, j’ai à nouveau laissé Pomme à ses bons soins.
Je la connais: je savais qu’au moindre bruit dans la maison, elle aboierait et me mettrait dans une situation inconfortable.
Je suis donc retournée dans mon bureau, suivie de mon ombre noire que j’ai laissée dans le couloir, comme la première fois.
Elle avait l’air de dire: vas-y, je sais quoi faire!
Seulement cette fois… j’ai fermé la porte à clé.
Je compose le numéro , commence ma conversation… et j’entends des bruits suspects du côté de la porte close.
Difficile de ne pas imaginer mon spirou essayant en vain de l’ouvrir…
Mais je ne cède pas: je travaille.

Au bout d’une demi-heure, mes appels terminés, je rouvre la porte.
Sans surprise, je constate qu’elle est assise derrière, avec dans les yeux un mélange de reproche et de joie.
– Tu peux revenir!
Cette fois, nous sommes deux dans le bureau, moi au clavier, elle dans son panier.
Cinq minutes plus tard, une porte claque dans la maison, bruit que Pomme souligne par une série d’aboiements magistraux.
– Pomme, non!
Couchée nonchalamment dans son panier, les pattes pendantes le long du rebord, elle me regarde, regarde la porte et pousse un nouvel aboiement.
C’est bon, j’ai compris… la vengeance est un plat qui se mange froid, et elle le sait!

Martine Bernier

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