Bichon havanais: Pomme et la brindille

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– Mais.. qu’est-ce que tu veux, Pomme?

Assise en face de moi, elle me fixait des yeux, attitude classique adoptée lorsqu’elle a un message à me faire passer.
Foi de bichon: je ne parle pas, mais je sais me faire comprendre!

– Tu veux encore sortir??? Mais tu es remontée il y a moins d’une heure!

Dès que j’ai prononcé le mot magique, elle a sautillé dans tous les sens, a couru vers moi, puis vers la porte…
Si j’avais besoin d’une confirmation, je l’avais…
J’ai enfilé mon manteau, ai vérifié que la lampe de poche était bien là et je suis descendue, précédée par une tornade noire ravie.
Dehors, il neigeotait.
Une neige fine, glaciale dans la nuit noire.
Enfoncé dans l’obscurité, mon Mogwaï s’adonnait à ses activités de chien, courant, furetant, reniflant, cherchant le Graal au fond de la haie.

– Je te préviens que si tu m’as fait descendre uniquement pour ça, je vais être très contrariée! Et si tu cherches le hérisson, abandonne: en cette période, il dort!

Vingt minutes plus tard, nous remontions de sa balade hygiénique.
Moi frigorifiée et  fatiguée comme si j’avais couru le marathon, et elle, de très bonne humeur.
Mais arrivée en haut des escaliers, j’ai réalisé que quelque chose la gênait.
Elle s’efforçait de dégager un intrus de ses poils.
J’ai rangé mon manteau, suis rentrée dans l’appartement et me suis concentrée sur elle.
Il m’a fallu une ou deux minutes pour retirer la brindille d’une bonne quinzaine de centimètres qui s’était agrippée à son pelage.
Comme d’habitude, à chaque fois que l’on extirpe quelque chose de ses poils, Pomme a voulu voir de quoi il s’agissait.
Je lui ai donc présenté la responsable du délit… dont elle s’est emparée, détalant comme un lapin vers le salon avec son trophée.

– Hé!  Mais non! Viens, donne-la moi, je vais la mettre à la poubelle!

Ce n’était pas du tout le sort qu’elle avait espéré réserver à sa trouvaille.
Réfugiée dans son panier, elle avait commencé à l’analyser, la regardant et en mâchouillant un petit morceau, histoire de vérifier si la chose était comestible.
Lorsque je me suis approchée, elle a repris son trésor et a filé à trois mètres de moi, s’arrêtant pour me regarder… en riant.
Si, elle riait.

– Pomme… tu as 6 ans. Tu es censée être une demoiselle de bonne famille, posée et réfléchie. Et ça, c’est un jeu de chiot! Tu me donnes la brindille?

Son regard rieur m’a clairement dit: va te faire voir.
J’ai donc rusé, recourant au troc pour récupérer son bien.
Une friandise contre un minuscule bout de bois: son choix a été vite fait.
De retour au salon alors que je venais de me débarrasser de l’objet du conflit, j’ai compris que la scène n’était pas terminée.
Pomme galopait du couloir au panier du salon, repartait, revenait.
A chaque fois, elle ramenait un objet différent: un os, une balle, un mouton, un raton, un mouchoir…
Un mouchoir?!
– Mais enfin!!!! Donne mon mouchoir!!!

Cette fois, elle semblait rire aux éclats.
Le jeu a duré quelques minutes, jusqu’à ce qu’elle se fatigue.
Elle est alors venue se réfugier près de moi, sur le canapé.
Debout contre mon épaule, elle m’a posé un délicat bisou canin sur la joue.
J’ai fondu ( uniquement au sens figuré, hélas!) … qu’auriez-vous fait à ma place?
Et nous avons passé une soirée en tête-à-tête, mon Mogwaï blotti contre moi…

Martine Bernier

 

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