« Je vais voler! »

– Qu’est-ce que j’aimerais savoir voler…

Debout au milieu du salon, mon Capitaine appuie sa déclaration en battant doucement des ailes… pardon: les bras.
J’ai l’impression d’avoir devant moi un échassier géant d’une envergure jamais atteinte.
Mais il n’est pas de cet avis… et je sens qu’il se dirige gaillardement vers un joyeux délire!

– Ah? Tu voudrais être un oiseau?
– Oui… depuis toujours.  J’en rêve souvent…

Il jette un oeil sévère sur sa personne et poursuit:
– J’y serais déjà arrivé, mais mes bras sont trop petits.

Pour me faire une démonstration de ce qu’il avance, il bat des ailes de plus belle, affiche un air navré et poursuit:
– J’ai de trop petits  bras et un trop gros postérieur.

Je le regarde, plutôt amusée: dans la réalité, il a des bras interminables et la partie charnue de son individu n’a rien à se reprocher.
– C’est décidé: je vais faire un petit régime et me faire allonger les bras.

Je glousse discrètement, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre dignement:
– En attendant, je vais m’entraîner à atterrir. C’est le point délicat de l’opération, il y a des risques de crash si la manoeuvre est mal amorcée.

Oui, c’est évident.
Par acquis de conscience, je jette un coup d’oeil discret aux fenêtres pour vérifier qu’elles sont bien toutes fermées.
Nous ne sommes pas bien haut, mais quand même.
Ma tendre moitié quitte la pièce en battant les bras l’oeil vaguement inquiet de Pomme.
Vu l’élégance et la mesure du geste, il a plus une vocation de condor que d’épervier.

Icare, sors de ce corps!
Ou alors, demande à Léonard de Vinci de t’y rejoindre, pour limiter les dégâts en cas de tentative hasardeuse!

Martine Bernier

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