Bichon havanais: Pomme et les autochtones

Au cours de notre semaine cévenole, Pomme ne nous a pas quittés d’une semelle.
Elle a partagé toutes nos activités à l’exception de la visite du musée, a découvert une foule de choses, humé des odeurs qu’elle ne connaissait pas, trotté dans des lieux qui lui étaient inconnus…
Et, bien entendu, elle a croisé d’autres animaux, beaucoup d’autres animaux.
Pour la grande majorité d’entre eux, tous s’est passé comme d’habitude, en toute sérénité.
Mais trois de ces rencontres l’ont désarçonnée.
Le parfum particulier des cochons vietnamiens de la bambouseraie, par exemple, ne lui a pas particulièrement plu si j’en crois sa hâte à s’éloigner de leur enclos en affichant un air vaguement dégoûté.
Deux jours plus tard, alors que nous nous installions à la terrasse d’un restaurant, elle remarque un chat qui se balade entre les tables.
Chat? Super!
Dans la tête de mon Mogwaï, chat= copain = jeu et grands moments de complicité.
Sauf que… celui-ci n’avait rien du doux voisin qu’elle côtoie en toute amitié.
Non.
Il s’agissait plutôt d’un vieux briscard qui régnait  en maître sur son territoire, et qui n’avait pas l’intention de se laisser impressionner ou ennuyer par un intrus quel qu’il soit.
Alors que Pomme s’approchait de lui en remuant la queue, bien décidée à faire un brin de causette avec ce fringuant matou à l’accent du Sud, elle s’est pris une claque au sens propre comme au sens figuré.
Le chat l’a soufflée en plein visage en lui donnant un coup de patte bien senti.
Ahurie, Pomme est restée une seconde pétrifiée, une patte avant en l’air, puis m’a lancé un regard interrogateur avant de me suivre à notre table où je l’ai consolée en lui ai expliquant les dures lois de la vie.

Le matin, alors que nous regagnions la voiture en sortant de notre hôtel – chambre d’hôtes, je l’avais lâchée.
Le parking était adossé contre un pré immense que je pensais vide.
Seulement voilà… il ne l’était pas.
Je ne portais pas mes lunettes, et je n’ai pas décelé ce qui s’y trouvait.
Ce n’est que quand j’ai vu mon Mogwaï filer à toute vitesse aux trousses d’une petite troupe piaillante que j’ai réalité que c’était le terrain de jeu de respectables poules.
Il m’a fallu faire preuve de beaucoup de persuasion pour faire revenir Pomme, écoeurée de ne pas avoir pu poursuivre ses tentatives d’approche diplomatique très discutables.

Au dernier jour de notre séjour, nous regagnons le parking pour reprendre la route.
Pomme trottait en liberté à côté de moi, sachant parfaitement que je ne voulais plus qu’elle mette le bout de la truffe dans ce pré.
Elle reniflait donc consciencieusement une rangée de belles poubelles bien rangées dans un coin lorsque j’ai entendu un cri suspect.
En me retournant, j’ai vu un petit coq.
Il devait faire son marché matinal vers les poubelles lorsque Pomme, qui a décidément un flair que je ne lui connaissais pas, l’a débusqué.
Une fois de plus ravie, elle remuait la queue et voulait absolument l’honorer d’une bonne léchouille, opération qui ne tentait visiblement pas le volatile.
Outré, il est parti en courant et en piaillant en direction de son pré tandis que Pomme, bridée par ma voix, le regardait partir d’un air cruellement déçu.
Je l’ai fait monter dans la voiture où elle s’est installée sur son coussin de voyage en poussant un soupir à fendre l’âme.
Je pense qu’elle a mis à profit le chemin du retour pour méditer sur les us et coutumes des gallinacés autochtones!

Martine Bernier

 

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