Aurélien et mes trésors

Hier, lors de sa soirée au Nid avec son papa, Aurélien avait beaucoup de choses à faire.
Dès le premier bisou, à l’entrée, il a émis son désir de se rendre au salon, là où, il le sait, l’attendent ses jouets.
Donc.. nous jouons.

Mais au milieu de la soirée, alors qu’il a demandé que je prenne ma guitare (ouiii, Mamitine! Tu joues de la guita’e et Au’élien danse!), je négocie:

– Pas ce soir, mais, si tu veux, nous ferons de la musique lundi, quand tu reviendras.
– Alleeeeeez….. Mamitiiiiine….
–  Non: là, je vais te montrer un trésor à Mamitine… tu veux?
– T’ésor? Ouiiii!

Je me dirige vers mon secrétaire, je l’ouvre, et j’en sors… un petit tiroir dans lequel se trouvent entre 100 et 200 fèves de galettes des Rois.
J’en ai deux tiroirs entiers contenant des spécimens magnifiques…
Nous nous installons dans le fauteuil, plaçons un pouf cube devant nous et la découverte commence.
Notre petit bonhomme de 2 ans, les regarde une à une, me couvre de « et ça, c’est quoâ? », aligne les fèves par famille…
Nous regroupons les champignons, les masques, les hiboux, les personnages de dessins animés, les plateaux du petit-déjeuner, les vases, les « oiseaux en or »…. des dizaines et des dizaines de collections toutes plus jolies les unes que les autres.
Il accroche entre eux les wagons d’un petit train rempli de mignardises, craque pour les fèves représentant du pain et une brioche, s’émerveille, les montre à son papa et à son papino…
En fin de soirée, nous rangeons sous forme de jeu, et j’en profite pour lui montrer un deuxième trésor: celui des pièces dorées européennes représentant chacune un site que j’ai pu visiter.
Il est si manifestement content que c’en est un vrai bonheur!

Mais au moment du départ, alors que son papa lui a enfilé sa cagoule de lutin, c’est la mini catastrophe.
Pas question pour lui de partir, et il le fait savoir.
Comme il traverse une période au cours de laquelle il teste les limites de ses parents jour et nuit, mon fils est extrêmement fatigué.
Toujours d’une patience d’ange, mais un ange aux traits tirés.
Et je réalise vite que son petit bonhomme fait comme tous les enfants: il ne joue pas le même rôle en présence de son papa ou avec moi.
Au grands maux les grands remèdes: je le prends dans mes bras et j’annonce que nous allons avoir une petite conversation en tête-à-tête dans mon bureau.
Lui est ravi: il adore que je l’y emmène.
Mais cette fois c’est différent: je n’allume pas, me contentant de la lumière extérieure, je passe devant les rayonnages contenant les merveilles qu’il aimerait bien regarder, et je le mets debout au bout de mon bureau tandis que je l’entoure de mes bras pour qu’il ne tombe pas:

– Voilà! On va parler un petit peu!

Il se réfugie alors dans l’excellente tactique qui est la sienne: il regarde ailleurs et parle, parle, parle de tout ce qui lui passe par la tête.
C’est plutôt amusant, mais je ne perds pas de vue que, dans la pièce d’à côté, un garçon n’a qu’une envie: dormir!

– Non, non, pas comme ça! Regarde-moi…

Il m’a jeté un coup d’oeil surpris.
Quand son regard a été arrimé au mien, je lui ai tenu mon petit discours:
– Aaaah… c’était bien ce soir! Non?
– Ouiii!!!
– Et tu sais, lundi tu reviens pendant que papa et maman vont prendre leur cours. Donc nous allons encore faire plein de choses! Tu es content?
– Ouiii!
– Chic! Donc, maintenant, il faut rentrer à la maison et aller dormir. Mais vraiment dormir. Tu ne peux plus réveiller papa et maman la nuit sinon ils vont être malades. D’accord?
– …
– D’accord?
– Oui.
– Je demanderai à papa! Et qu’est-ce que tu ne peux plus faire avec maman parce que c’est interdit?
– … taper.
– C’est ça. Tu dois parler, par taper. Tu es un gentil petit bonhomme, je n’ai pas envie que tu deviennes un grand méchant, moi! Maintenant, nous allons mettre la veste!

Il fait sa « grimace-du-sourire-à-l’envers », ce qui me fait réagir tout de suite.
Je ris un peu:

– Ah non. Tu sais, c’est inutile de faire un caprice. Je n’aime pas ça et ça ne marche pas.

Il me regarde bien droit dans les yeux, intrigué:
– Tu n’aimes pas les ca’pices?
– Non.
– Ah, zut!

C’est tellement inattendu que j’ai envie de rire:
– Comme tu dis! Bon, on récapitule: qu’est-ce qu’Aurélien va mettre quand on va aller au salon?
– Ma veste!
– Très bien! Et quoi d’autre, avant?
– Le bonnet!
– Parfait! Et cette nuit, tu vas dormir ou pleurer?
– Do’mir!
– Super! Et qu’est-ce que tu ne peux plus jamais faire avec maman?
– Taper!
– Excellent! Papa me dira… Bisou?
– Bisou!

Deux bisous plus tard, nous refaisons le chemin en sens inverse et je lui permets de dire bonjour aux trois Casse-Noisette.
Le retour dans le salon est joyeux et il consent à se rhabiller plutôt facilement.
Dernier récapitulatif devant son papa et le voilà parti.
Ce matin, j’attends anxieusement de savoir comment s’est passée la nuit…

Martine Bernier

PS: bilan de la nuit: excellent!

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