Bibliothèque vivante…

Ces derniers jours, tandis que mon Capitaine était absent pour deux jours,  je me suis attaquée aux onze bibliothèques du salon.
C’est là que se trouvent les livres auxquels je tiens le plus.
Depuis plus d’un mois que nous mettons mes bouquins dans des cartons en prévision du départ, le contenu de plus de douze bibliothèques a déjà été vidé.
Le salon représentait un « gros morceau », auquel nous avions commencé à nous attaquer avec Celui qui m’accompagne.
Et la tâche est d’autant plus éreintante que cet été est caniculaire pour à peu près tout le monde…
En l’absence de mon Capitaine, seule avec Pomme, j’ai réalisé une fois de plus à quel point une bibliothèque est vivante.

J’avais moins de 20 ans lorsque je suis arrivée en Suisse, seule, mais déjà accompagnée de mes livres.
J’en avais déjà quelques-uns, beaucoup moins que maintenant, mais déjà suffisamment par rapport à mon âge pour que je passe pour quelqu’un d’étrange.
Ils représentaient mon seul trésor, avec ma guitare qui me suivait partout.

Au fil des ans, mes goûts ont changé, et la bibliothèque a évolué en même temps que moi.
Je me suis débarrassée des livres qui ne me parlaient plus, m’en suis procuré d’autres, beaucoup d’autres…
Ils reflètent tous les sujets auxquels je m’intéresse.

Chacun d’entre eux me ramène à son thème, à certaines périodes de ma vie et aux souvenirs qui y sont liés.
Souvenirs d’autant plus forts que j’ai eu la chance d’interviewer certains de leurs auteurs…

J’ai donc continué à remplir des cartons, et encore des cartons… sans toucher au contenu des trois étagères auxquelles je tiens le plus, celles qui accueillent les livres d’art.
Puis, mon Capitaine est rentré, lui aussi très fatigué par les efforts physiques énormes qu’il fournit dans notre nouveau nid.
Dimanche, reposé, il a décidé de prendre la relève et d’avancer un peu dans la suite de l’empaquetage.
Et là… j’ai vu disparaître une partie de mes trois fameuses bibliothèques.
Oui, je sais: il faut le faire…
Mais une fois que ces livres-là ne sont plus sur les rayonnages, je ne me sens absolument plus chez moi.
Le travail n’est pas terminé: il reste encore à emballer six ou sept bibliothèques au total, en comptant celles qui se trouvent ailleurs qu’au salon.
A la place des rayons bien rangés se trouvent des montagnes de cartons, soigneusement empilés.
Par expérience, je sais déjà que les déménageurs vont avoir un choc en les voyant…

Quant à moi, je constate jour après jour combien je suis attachée à ces livres.
En temps normal, pas un jour ne se passe sans que j’en consulte un ou plusieurs d’entre eux.
Là… leur présence me manque.
Mais bon, secouons-nous!
Si j’ai horreur de « déménager » et de me dépouiller de mes fidèles compagnons, j’adore « emménager » et les remettre sur les rayonnages…
C’est pour bientôt!

Martine Bernier

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