L’évasion

Ce matin-là, notre voisin coupait du bois.
Il avait installé sa scie électrique à côté de l’enclos de nos poules et travaillait avec l’un de ses amis.
Le bruit de la scie était puissant, semant l’anxiété parmi mes protégées que j’allais voir régulièrement.
Mais j’avais beaucoup de travail, moi aussi…
Lorsque le bruit s’est calmé, je n’y suis pas retournée pendant quelques heures.
En me rendant dans le poulailler après avoir terminé mes écrits du jour, j’ai très vite constaté que Neige, ma petite poule hollandaise blanche, n’était plus là.
J’ai fouillé chaque recoin de l’enclos, y compris les feuillages des arbres, sans succès.
Inquiète, j’ai commencé à arpenter le jardin de long en large.
Mais il est beaucoup trop grand pour une petite poule: je ne pense pas qu’elle se serait beaucoup éloignée de l’enclos si elle avait pris son envol de ce côté.
Au bout de trois quarts d’heure de recherche, j’ai eu une illumination.
Le bout de l’enclos, qui est bien clôturé, donne sur une petite parcelle de jardin bordée d’arbres dont la présence nous sépare de la route.
Mais ce jardin que nous laissons herbeux n’est pas fermé.
Et la clôture qui le sépare de l’enclos des poules est haute.
Par acquis de conscience, j’ai quand même traversé la maison pour aller vérifier.
Elle était là… recroquevillée sur elle-même, apparemment pétrifiée par les voitures qui passaient.
Je l’ai prise doucement et je l’ai ramenée auprès des autres.
Mais j’étais inquiète.
Elle s’était envolée une fois, elle pouvait recommencer, et cela risquait de finir beaucoup plus mal.
Même s’il avait vaguement envisagé de mettre un filet sur l’enclos, je ne pouvais pas exiger un tel travail de la part de mon Capitaine, d’autant que des dizaines d’oiseaux squattent les arbres de l’endroit.
La seule solution pour éviter que cette mésaventure se reproduise était de tailler les plumes de ma petite fugueuse.
C’était une extrémité que je n’avais aucune envie d’envisager, mais il y allait de sa sécurité.
J’ai visionné quelques vidéos représentant des éleveurs s’adonnant à cette opération.
Quand j’ai bien compris que tout cela était parfaitement indolore pour l’oiseau et quelle était la bonne méthode, je suis allée rejoindre mon Capitaine avec une paire de ciseaux.
En deux minutes, c’était terminé sans que Neige n’aie réagi, elle qui est sensible au moindre mouvement.
Mon Capitaine a coupé très peu, juste de quoi l’empêcher de repartir.
Sera-ce suffisant?
Je l’espère.
En attendant, elle a un régime particulier: dès qu’il s’agit de la faire descendre de son perchoir, le matin, je lui sers d’ascenseur!

Martine Bernier

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