La douce invasion…

Jeudi matin.
Il fait beau et chaud, à tel point que, tandis que je suis dans mon bureau et que j’écris, j’ai laissé ouverte la porte-fenêtre qui donne sur le jardin.
Même si ce printemps prématuré m’inquiète dans le contexte du réchauffement climatique, je n’ai pas envie de bouder cette douceur bienfaisante.
Comme elle le fait souvent, Neige, ma petite poule hollandaise blanche, vient chercher Pomme sur le pas de la porte.
Mon Mogwaï l’empêche de rentrer sans la brusquer, mais la suit régulièrement pour se balader en sa compagnie.
Ces deux-là s’entendent particulièrement bien…
Quelques secondes après les avoir vues partir en direction du jardin, mon attention est attirée par un timide petit « cooooot » interrogateur. 
Je jette un coup d’oeil  et je découvre Bulle, la plus jeune de mes Pékins sur le paillasson de l’entrée.
Elle aime bien me suivre un peu partout dès que j’apparais dans son champ visuel.
Cette fois, elle est carrément venue me chercher dans mon antre…
C’est la première fois que l’une de mes protégées franchit la limite du pas de porte, profitant de l’absence momentanée de la gardienne des lieux.
Comme il est hors de question pour moi de brusquer mes poules, j’ai entamé avec Bulle un long dialogue auquel elle participait à grands renforts de « cooot » de plus en plus enthousiastes.

Le problème, c’est qu’elle n’avait pas du tout l’intention de rebrousser chemin, trop intéressée à visiter ce nouveau poulailler géant pour bipèdes déplumés.
Il fallait donc que j’arrive à la faire ressortir sans la traumatiser, alors que son envie à elle était de poursuivre tranquillement son exploration.
Ce qu’elle a d’ailleurs commencé à faire en se dirigeant vers le hall d’entrée…
Pourquoi suis-je aussi délicate?
Parce que les poules sont à la base méfiantes et farouches comme tous les oiseaux qui ont à se protéger d’éventuels prédateurs, et que la relation de confiance qui s’est établie entre elles et moi est trop précieuse pour que je risque de la mettre en péril.
Lorsque Bulle est arrivée au pied de l’escalier qui mène à l’étage, je l’ai contournée et je l’ai doucement redirigée vers le bureau puis, du moins en avais-je l’espoir, vers la sortie.
Le problème, c’est qu’en ce moment, où qu’elle aille, ma benjamine explore les moindres recoins avec pour objectif d’y installer des nids.
Une petite ouverture dans le coin le plus inaccessible de la pièce l’a séduite: elle s’est enfilée derrière un coffre en bois, sous le radiateur.
Je commençais à déprimer lorsque… Zorrotte est arrivée.
Pomme, qui venait de terminer sa balade en compagnie de Neige, est rentrée et a très vite compris qu’une intruse se trouvait dans mon bureau.
Elle n’a pas mis longtemps pour la raccompagner dehors manu  militari.
Comme Bulle semblait tentée de revenir, mon Mogwaï lui a clairement fait comprendre que le pas de la porte était la frontière à ne pas franchir.
Le tout sans agressivité. 
Lorsque la visiteuse est repartie retrouver ses copines, Pomme s’est installée confortablement dans son panier en me lançant un regard calme mais décidé.
Ici, c’est SON territoire… et ça ne se discute pas.
Non mais!

Martine Péters



 

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