Les drôles de questions

A six ans, Aurélien continue à se poser une multitude de questions.
Elles sont généralement liées aux  événements de sa vie… comme celles qu’il me réservait le soir même de son arrivée.
– Mamitine, toi, tu préféreras être grillée ou enterrée quand tu seras morte? 
– Hum. Tu as de drôles de questions… Pourquoi y penses-tu en ce moment?
– Mon oncle est mort… il était très, très  vieux. 
– Je comprends. Donc, tu y penses. Et bien , après mûre réflexion… L’idée de passer l’éternité enfermée dans une boîte ne me plaît pas du tout. Et comme je n’aime pas beaucoup la chaleur, je n’ai pas trop envie de rôtir non plus. Mais bon, puisqu’il faut bien choisir, je pense que je pencherais plutôt pour un beau feu de camp. Et toi, tu as une préférence?
– Comme toi… Je préfère brûler comme ça on remonte dans les airs.
– Ah oui, c’est une belle idée. Enfin, de toute façon, je pense que cela ne nous préoccupera pas quand ce sera le moment.

Il hoche la tête et opine:
– C’est vrai. Mais heureusement, il restera notre esprit.
– Oui… et l’âme.
– L’âme? Qu’est-ce que c’est?
– C’est ta sensibilité, tes pensées, ta conscience… Un esprit sans sensibilité et sans conscience peut être mauvais et ne pas réaliser le mal qu’il fait aux autres.

Il semble très intéressé par le concept:
– Et la conscience c’est quoi?
– C’est ce qui te fait sentir que ce que tu fais ou ce que tu dis est bien ou pas.
– Comme dans les dessins animés.

J’imagine qu’il pense au petit démon et à l’ange qui se perchent de temps en  temps sur les épaules des personnages pour les exhorter au bien ou au mal, et j’approuve.
– C’est cela, oui.
– Moi, je crois aux fantômes. Et toi?
– J’aime bien y croire aussi. Des gentils fantômes, bien sûr..
– Et toi, qu’est-ce que tu feras quand tu seras morte?
–  Je pense que je découvrirai et que j’explorerai ce nouvel environnement sûrement passionnant. Puis,  je me mettrai à califourchon sur un nuage pour venir te voir et vérifier que tu vas bien. 
– Si je t’appelle, tu viendras?
– Si je peux, oui, bien sûr.

Il sourit:
– Ca ne fait pas peur, comme ça. 

Trois jours après je repense à cette conversation et je n’arrive pas à me convaincre qu’il n’a que 6 ans…

Martine Péters

 

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