La nouvelle recrue

D’une semaine à l’autre, les effectifs de l’atelier d’écriture se modifient.
C’est une notion que j’ai désormais bien intégrée, et j’ai adapté le contenu des rencontres à cette particularité.
Les enfants ne sont pas forcément tous présents au périscolaire de manière régulière, d’autres arrivent, bref… il y a de la vie!
Ce mardi, sur le banc de la cour où « mes » enfants prennent généralement le goûter avant de m’accompagner dans notre salle, se trouvait une fillette que je n’avais encore jamais rencontrée: Enola, qui fêtait ce jour-là son dixième anniversaire.
Comme à chaque fois qu’une nouvelle recrue nous rejoint, elle était un peu dubitative: « atelier d’écriture… je ne sais pas trop… keseksa? »
Les habitués lui ont répondu « qu’elle allait voir »… et nous nous sommes dirigés vers notre salle.
Au menu de cette rencontre: notre histoire de maison abandonnée dans laquelle un alchimiste s’échine à tenter de transformer des pierres en or, et, pour la deuxième partie de l’heure, un sujet de leur choix que nous avons déjà abordé et qui les intéresse.
Cette fois, il s’agissait du Yéti dont ils ne se lassent pas.
J’ai terminé en introduisant une autre énigme  que je leur proposerai la semaine prochaine: le mystère du Triangle des Bermudes.
A chaque fois, les enfants échafaudent des suppositions,  m’interrogent, confrontent leurs points de vue, prennent des notes…
Au milieu de notre débat, Enola me dit:
– Ca fait longtemps que tu as commencé cet atelier?
– Celui d’aujourd’hui? Depuis la fin du mois d’avril.
– Et il y aura encore beaucoup de séances?
– Après celle-ci, deux…
– Oh non…
Le « oh non » était une oeuvre collective qui m’a amusée.
C’est la deuxième fois qu’ils évoquent la fin proche de ce cycle, et qu’ils s’en émeuvent.
Devant leur mine déconfite, je n’ai pas pu m’empêcher de les taquiner:
– Mais… je croyais que vous n’aimiez pas écrire?
– Oui, mais là… c’est différent! Tu vas revenir, après les vacances?
– Je ne sais pas. Je reviendrai si l’on me demande de le faire, bien sûr…
– Et si on dit à la directrice qu’on te kiffe, qu’on kiffe l’atelier et qu’on veut continuer, ça peut marcher? 
– Peut-être… vous pouvez toujours essayer. En tout cas, moi aussi j’aime beaucoup vous retrouver le mardi.
L’un d’eux déclare sous l’oeil intéressé de ses camarades:
– Moi, je n’aimais pas tellement le mardi avant. Maintenant, je  l’attends avec impatience.
– Nous aussi!

J’avoue que j’adorerais les retrouver après les vacances… 

Martine Péters

 

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