Balzac adoré des Chinois…

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En automne 1840, lorsqu’Honoré de Balzac a loué la maison de Passy sous une fausse identité pour fuir ses créanciers, la commune était encore un village autonome de Paris. Aujourd’hui, la ville a avancé, et “La Grande Bretèche” se trouve désormais en plein coeur de la capitale. La Maison de Balzac reste l’une des maisons d’écrivains les plus visitées. Pourtant, elle n’a pas de charme particulier. Mais c’est là que l’écrivain a le plus écrit, protégé du monde par des façades discrètes.

Aujourd’hui, Yves Gagneux, directeur des lieux, raconte l’histoire de l’écrivain, dont il est l’un des gardiens de la mémoire. “Durant les sept années qu’il a passées ici, Balzac a vécu très retiré. Il a très peu reçu, hormis quelques intimes dont Théophile Gauthier. Rares étaient ceux qui connaissaient son adresse.”
Décédé à l’âge de 51 ans, cet artiste prolifique, perfectionniste et complexe a laissé une oeuvre encore populaire aujourd’hui, car elle décrit avec précision les mécanismes de la nature humaine. Ses romans présentent une vision sociale sans compromis. Les visiteurs continuent d’affluer dans cette maison pourtant modeste. Parmi eux, beaucoup de Chinois. “Balzac est très populaire en Chine, au Japon et en Russie, relève Yves Gagneux. Les Chinois, particulièrement, se retrouvent dans les personnages de ses romans.”
Lors de la visite de la maison, le public découvre le bureau sur lequel écrivait l’auteur. Parmi les autres objets symboliques de sa vie, la cafetière a joué un rôle prépondérant. “Balzac adorait le café, il lui était indispensable. Mais il le considérait aussi comme une drogue. Il en avait d’ailleurs parlé avec humour dans son “Traité des excitants modernes.”

Autre objet très symbolique: la canne du Dandy Balzac. Avec son pommeau serti de turquoise, elle incarne la richesse et un mauvais-goût parfait. Cela importe peu à l’écrivain, désireux de paraître élégant dans le “grand monde” qu’il fréquente à l’époque. Sa canne fera sensation, y compris à l’étranger, et se verra même consacrer un livre par Delphine Girardin. Mais l’habit ne fait pas le moine… et Balzac reste un homme particulier, un ardent travailleur de l’ombre.
Ce n’est pas un hasard si, sur trois de ses portraits, il apparaît en robe de chambre (sa tenue de travail, lui qui écrivait de nuit), en robe de moine illustrant son travail monacal, et en tenue du travailleur cassant ces cailloux. Pour lui, l’artiste est avant tout un ouvrier consciencieux.
Aujourd’hui, l’écrivain reste l’inventeur du roman moderne, un style auquel il a redonné ses lettres de noblesse. Ce grand explorateur de l’âme humaine aurait pu être de notre siècle, tant son travail est indémodable. Quant à sa maison, elle se visite comme ses livres: en prenant le temps…q

Infos pratiques:
Maison de Balzac 47, rue Raynouard, 75016 Paris. Ouverte du mardi au dimanche de 10h à 18h00. Fermée le lundi et les jours fériés.
Site Internet: http://www.v2asp.paris.fr/musees/balzac/

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