Le club des cinq

Les animaux n’aiment décidément pas cet hiver qui leur semble long.
Pomme rechigne à sortir quand il pleut.
Et mes quatre poules ne font pas exception.
Si le temps est humide, elles passent beaucoup de temps cloîtrées au poulailler sans vouloir en sortir.
Et le froid sec ne semblent pas leur plaire davantage.
Pour leur rendre la vie plus agréable, je varie plus que jamais leur alimentation, sors plusieurs fois par jour sous la pluie pour leur rendre visite… et surveiller que les chats des environs ne viennent pas les déranger, comme ce fut le cas hier.

Il y a pourtant des accalmies.
Au cours de la semaine dernière, après une matinée mitigée, le soleil a fait son apparition et nous avons eu droit à une après-midi printanière.
Ce qui nous a tous attirés dehors, que nous soyons bi ou quadripèdes!
Comme elles le font depuis quelque jours dès que la météo leur permet de sortir, mes boulettes arpentaient en bande leur enclos, picorant les rares végétaux qui recommencent à y pousser.
Elles surveillaient ce que faisait mon Capitaine, couraient à ma rencontre dès que je m’approchais d’elles tandis que Pomme batifolait dans le jardin…
Cette trêve a duré le temps de la journée.
Le lendemain, lorsque je suis allée les voir, il pleuvait.
Il pleuvait même beaucoup.
Comme chaque jour, j’ai ouvert la porte de leurs appartements en m’annonçant pour ne pas les effrayer, et je leur ai parlé.
Plume et Kaki se sont précipitées dehors en courant, comme impatientes de retrouver la douceur de vivre de la veille.
Pendant que je commençais à nettoyer le foin, j’ai entendu un petit cri et ai découvert deux petites têtes rentrant plus vite que prévu de leur balade matinale.
Mes deux poulettes sont rentrées, trempées comme des soupes, et ont entrepris de me faire part de leur désapprobation.
J’ai eu à nouveau droit à un savon monumental, diffusé en stéréo par les deux frondeuses qui, visiblement, me tenaient responsables de la situation.
– Hé! Ce n’est pas ma faute si il pleut! Je vous avais prévenues!
Mais ma déclaration ne les a pas calmées: elles ont continué à me houspiller sous l’oeil de Pomme, courroucée de me voir maltraitée.

Dimanche, en fin de journée, alors que je les priais en douceur de regagner leurs quartiers pour la nuit, Pomme m’a accompagnée.
Elle s’est assise à l’extérieur de l’enclos, contemplant les poules avec une apparente placidité.
Celles-ci ne se pressaient pas, picorant une graine au passage, faisant des arrêts-buffet devant chaque touffe d’herbe.
Quand enfin elles se sont trouvées à cinquante centimètres de la porte du poulailler, c’est le moment qu’a choisi Pomme pour se lever et pousser un « wouf » sonore.
Ce qui a évidemment eu pour effet d’éparpiller mon troupeau que j’avais eu tant de mal à rassembler.

– Enfin, Pomme! C’est malin!

Mon Mogwaï, qui se trouvait visiblement très drôle, remuait la queue joyeusement.
Pomme n’est pas un chien qui fait souvent ce genre de geste.
Elle ne le fait que lorsqu’elle a un message joyeux à faire passer.
Et là… elle riait.
Elle a filé en courant vers la véranda, comme pour aller raconter à mon Capitaine la farce qu’elle venait de me jouer.
J’ai recommencé mon manège, invitant mes boulettes à rentrer, ce qu’elles ont finalement fait au bout de quelques minutes.
Et, comme d’habitude, elles m’ont copieusement arrosées de « kêêêt » avant que je ne ferme la porte.
Les animaux qui partagent notre vie ont le don de m’amuser…

Martine Bernier

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