Hugues Aufray: Chantre de la nature

J’ai toujours adoré Hugues Aufray, d’aussi loin que je m’en souvienne. La première interview que j’ai faite de lui, je l’ai réalisée par téléphone. Elle a été magnifique, le contact est passé. Il m’a dit: je serai en Suisse dans deux semaines pour un concert, venez me voir, que nous fassions connaissance! J’y suis allée. Un concert superbe au cours duquel les gens, toutes générations confondues, chantaient à tue-tête. Je l’ai vu après le spectacle. Un très beau moment.
Puis je suis allée le voir chez lui, près de Paris. Dans son salon, il m’a parlé de sa vie, de lui… Depuis, chaque fois que nous nous croisons, (ce qui n’est pas tous les jours, avouons-le!!!) nous nous faisons la bise, et la gamine que j’étais, connaissant tout son répertoire par coeur et le chantant près du feu de camp, est heureuse.
Hugues Aufray est un homme bon. Cette beauté qui est la sienne vient de l’intérieur.
Voici un extrait du texte de l’article écrit après notre rencontre chez lui, à Marne-la-Coquette. Un texte axé nature en rapport avec l’hebdomadaire auquel il était destiné.

La nature est omniprésente dans la vie d’Hugues Aufray, jusqu’à venir frapper à sa porte. Le jardin de sa discrète maison de Marne-la-Coquette (France) est grignoté par la forêt de « Fausse Repose ». Régulièrement, les animaux des bois s’aventurent sous ses fenêtres. Silhouette juvénile et regard bleu le chanteur a un emploi du temps bien rempli, qui l’entraîne bien au-delà des frontières de l’Hexagone. Il ouvre pourtant ses portes avec cette gentillesse qui lui est propre.  Le temps qui a passé depuis ses premiers succès ne l’affecte d’ailleurs pas vraiment, lui qui applique chaque jour une philosophie pétrie de bon sens: « La vie est un échange. Les cellules mortes sont remplacées par des cellules vivantes. C’est un mouvement perpétuel, que l’on peut observer dans la nature. Quand on coupe une branche, elle se développe. Quand un être humain s’en va, un autre naît… »

L’amour de la nature, qui se retrouve à chaque détour de ses chansons, Hugues Aufray l’a reçu en cadeau, dès son enfance, « sans pression, juste par l’apprentissage ». C’est son frère, Francesco, aujourd’hui décédé, qui lui a ouvert les yeux sur son environnement, et sur les animaux que lui-même adorait. L’exemple a porté. Pour le créateur de « Stewball », la nature est partout. Il avoue d’ailleurs en souriant qu’il est autant rat des villes que rat des champs.
« Je suis très sensible aux odeurs, relève-t-il. Le plus triste pour moi serait de perdre l’odorat. Quand je me plonge dans le parfum de la forêt, j’ai l’impression d’être vivant. J’aime la moto, qui est une façon de bouger plus rapide que la marche et moins fatigante que le vélo. Elle me permet d’apprécier la nature et le monde qui m’entoure. Quand je me promène, je sens le parfum des lilas, l’odeur du pain qui sort de chez le boulanger, les arômes du barbecue d’un voisin… Mais j’aime aussi les parfums des villes, avec le goudron chaud, les châtaignes grillées. Je regrette beaucoup celui, plus ancien, des brûleries de café… »

Amoureux des chevaux, Hugues Aufray l’est aussi des chiens. D’origine basque et béarnaise, le chanteur est fier d’avouer qu’il compte, parmi ses ancêtres, le célèbre Comte de Foix, Gaston Phoebus. Il porte d’ailleurs au doigt, en chevalière, les armoiries de sa famille. « Phoebus était chasseur, explique-t-il. A l’époque, les paysans possédaient des chevaux et des chiens. Les seigneurs marchaient dans le fumier. Phoebus se passionnait pour les animaux et pour les croisements à effectuer pour obtenir de bons chiens de travail.  »
Fort de telles racines, profondément terriennes, il était tout naturel pour le chanteur de souhaiter acquérir une ferme. « C’était mon rêve, se souvient-il, mais je n’avais pas l’argent nécessaire pour le réaliser, à l’époque. Un jour, en passant devant une librairie spécialisée dans le domaine agricole, je suis tombé sur un livre qui parlait d’un chien, le berger des Pyrénées. J’ai eu un coup de foudre total en découvrant sa photo. J’ai acheté l’ouvrage. Puis, je me suis dit que, puisque je comptais avoir un jour des chèvres, je pourrais déjà acheter le chien! ». Après quelques recherches, Quip fait son entrée dans la vie d’Hugues Aufray et de sa famille. En 1966, la ferme est acquise, et le chien y joue son rôle de berger. Il devient une véritable vedette. Posant sur deux couvertures de disques avec son maître, il le suit en tournée. « Il connaissait très bien la chanson avec laquelle je terminais les tours de chant. Dès qu’elle était finie, il se ruait sur scène, venait vers moi, et aboyait pour m’obliger à rentrer à la maison! » Le chanteur consacrera un titre à son compagnon. « Je n’suis plus maître chez moi » amuse le public. Et l’engouement est tel que la race est réintroduite en France…. bien des années après que Gaston Phoebus lui-même l’ait créée.
Un jour, l’histoire prend fin. « En 1972, je venais d’acheter ma maison, près de Paris, raconte Hugues Aufray. J’ai décidé d’amener Quip ici. Comme c’était un gaillard qui aimait les filles, il en a suivi une, un jour. Et il n’est jamais revenu… Il est mort libre, comme il a vécu. » Aucune des annonces passées à la télévision, la radio et dans les journaux ne ramènera Quip. Hugues Aufray aura encore un doberman sentimental et tendre, avant de reprendre un berger des Pyrénées. Ce dernier, « d’Arrayou » est mort au début du mois de décembre, laissant un grand vide dans le cœur de son maître. « Peut-être en reprendrais-je un, confie-t-il, car je l’ai vraiment beaucoup aimé. Le berger des Pyrénées est un chien plein d’humour, parfois un peu fantasque. Par exemple, il joue à saute-mouton, quand il veut traverser un troupeau. C’est un vrai chien de caractère. »

Martine Bernier

QUESTIONNAIRE DE PROUST

• Votre parfum préféré? Le jasmin m’enivre et se retrouve dans le monde entier, mais j’adore aussi celui de la rose.
• Votre animal? Le cheval et le chien, car j’ai avec eux un rapport privilégié, un véritable dialogue. Mon épouse, de son côté est une Dame Chat!
• Votre arbre? L’olivier, et le cyprès car il ressemble à une flamme verte. Un côté mystique s’en dégage.
• Votre fleur? Le coquelicot ou le pavot, indissociable du bleuet…
• Votre légume? La pomme de terre est pour moi le légume roi. Mais que serait la vie sans les navets que j’adore, et tous les autres légumes?
• Votre saison? L’automne me bouleverse. Il réunit les quatre saisons.

 

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