Mon chien parle…

Ceux qui disent des animaux « il ne leur manque plus que la parole » n’ont pas tout compris.
Il est évident qu’ils nous parlent. Sans employer notre langage, sans doute, mais ils nous parlent.

Hier soir, je suis rentrée tard d’un rendez-vous chez un médecin qui a duré très longtemps.
Pour me faire pardonner de Pomme qui m’attendait, je lui ai acheté un jouet sur le chemin du retour.
Un de ces jouets qu’elle affectionne tout particulièrement: une solide peluche qui peut passer pour une proie.
J’ai vu juste: dès qu’elle l’a vue, Pomme a délaissé Monsieur Poulet pour se précipiter sur la Peluche-Sans-Nom qu’elle a secouée dans tous les sens.

Plus tard dans la soirée, alors que je terminais un texte, mon Mogwaï est arrivé en courant vers moi, a pris appui contre moi et a commencé à aboyer.
Elle était visiblement fâchée. Très fâchée, même.
J’ai d’abord cru à une de ces crises de folie qui la prennent chaque soir vers la même heure.
Mais non.
Là, c’était plus grave.
Il avait dû se passer quelque chose qu’elle tentait de m’expliquer.
Et moi, pauvre béotienne ignare, je ne comprenais pas.
Comme elle s’excitait de plus en plus, je me suis levée et lui ai demandé de me montrer ce qui se passait.

Je ne dis pas qu’elle a compris.

Mais apparemment, elle n’attendait que cela: attirer mon attention sur son problème.
Elle a filé comme un lapin en direction de la cuisine.
J’ai cru qu’elle avait soif, mais non, son écuelle (qui fait un peu piscine en regard de la taille de son utilisatrice) était remplie.
Comme je ne voyais rien d’anormal, j’en ai conclu que je fantasmais en pensant que ma chienne est TRES intelligente et j’ai voulu quitter la pièce.
C’était compter sans son avis.
Elle a recommencé à manifester de plus belle.
Et c’est là, en suivant son regard et en écoutant ses aboiements furieux que j’ai vu.
Posée sur la table se trouvait la Peluche-Sans-Nom.
Pomme pouvait la voir, mais ne pouvait pas l’attraper.
J’avais dû la ramasser et la poser là sans y prendre garde.
Je lui ai rendu son jouet avec mes plates excuses.
Elle l’a attrapé par une patte, m’a tourné le dos dignement et a filé dans ma chambre poser SA peluche dans l’un de ses paniers.

Je l’ai suivie et je l’ai regardée.
Elle me surveillait du coin de l’oeil, un peu vexée. Mais elle agitait doucement la queue en signe de paix, tout en mâchouillant un os, une patte posée sur la peluche, Monsieur Poulet et son mouchoir fétiche à ses côtés.

Je ne suis pas du genre à m’extasier devant un animal en le comparant à un enfant.
Un chien est un chien, aussi intelligent soit-il.
Mais là, en la voyant installée au milieu de ses jouets, qu’elle était allée choisir elle-même parmi ses objets, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire qu’il existe des chiens plus évolués que d’autres.
Comme pour les êtres humains, finalement…

Martine Bernier

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