« La vraie Audrey Hepburn »

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Il y a quelques jours, j’avais écrit un texte sur l’actrice Audrey Hepburn.
Ces jours-ci, je lis un  livre qui lui est consacré:  « La véritable Audrew Hepburn », Bertrand Meyer-Stabley, aux éditions Pygmalion.

J’ai été frappée par un passage relatant un fait que j’ignorais de la vie de l’actrice. 
Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, elle se trouvait en Hollande, à Arnhem.
Née en 1929, elle était alors jeune adolescente et, comme beaucoup d’enfants à l’époque, elle transportait des messages pour la Résistance dans ses chaussettes.
Vers la fin de la guerre, deux mois avant la Libération, il lui est arrivé ceci…

« La police allemande commence à prendre des dispositions pour rassembler les femmes afin de les faire travailler dans les cuisines des hôpitaux et des camps militaires.
Les filles sont arrêtées au hasard dans les rues d’Arnhem, chargées dans des camions et envoyées vers leur destination.

Un jour, alors qu’elle rentre chez elle après une mission de transmission de message, Audrey tourne au coin de la rue… et tout à coup son coeur se met à battre la chamade.
Une nausée immédiate l’envahit:
– Fraulein! Kommen Sie hier… schnell, schnell!
A moins de dix mètres se dresse un sergent allemand qui, la mitraillette dirigée sur elle, l’interpelle.
Derrière le soldat patibulaire, rassemblées en un petit groupe serré et nerveux au centre de la route, des femmes otages sont emmenées par plusieurs autres soldats armés.
Audrey a suffisamment de présent d’esprit pour ne pas s’enfuir.
Serrant son cartable en cuir qui renferme des partitions, un vieux croûton de pain et une bouteille de jus de pomme, hébétée, elle s’avance vers son gros adversaire trapu.
Elle est poussée violemment, la tête la première contre le mur d’une maison, puis fouillée.
Le groupe de femmes est emmené vers le quartier général allemand, certaines en sanglots.
Les commerçant et employés du bureau hollandais observent leur lugubre procession d’un air impassible, mais une haine muette teinte leur regard.
(…)
La colonne fait halte en bordure de la ville, une zone résidentielle qui a connu des jours meilleurs.
Tous les soldats allemands, sauf un, repartent pour collecter d’autres femmes. 
L’unique garde, le fusil posé contre un réverbère, sort une blague à tabac de sa poche et roule une cigarette.
Audrey peut à peine y croire? Est-ce là sa chance?
Sa décision est prise en un clin d’oeil. 
Bien que souffrante de malnutrition depuis près d’un an et si frêle que même les exercices de danse ne sont plus guère possibles, elle va risquer sa vie et tente de s’évader. »

L’épisode est expliqué sur plusieurs pages. 
Elle arrive à s’échapper, entre dans une cave humide dans laquelle un petit trou dans le plafond débouche sur  quelques caisses en bois vide, de vieux journaux par terre et… une famille de rats affamé.
Nous sommes au mois d’août, il fait chaud, mais l’adolescente de 15 ans frissonne et pleure.
Elle va rester là, rationnant strictement ses maigres provisions, tremblant au moindre bruit.
Elle éprouve d’atroces douleurs internes, s’affaiblit, finit par ne plus savoir quand elle a bu et mangé pour la dernière fois.
Une nuit où les douleurs sont trop intenses, elle se traîne dehors où la ville est prise sous le feu croisé entre les parachutistes de Montgomery et la Wehrmacht.
Epuisée, très faible, elle va réussir à retourner chez sa mère en se faufilant par les ruelles sombres.
Le médecin de famille est convoqué d’urgence et découvre qu’elle a développé une sérieuse jaunisse, sans doute en raison d’une carence en vitamine K.
Et c’est là qu’elle apprend qu’elle est restée cachée… presque un mois, soit trois semaines et quatre jours.

Cet épisode m’a frappée.
La puissance de l’instinct de survie est inimaginable.

Martine Bernier

 

 

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