Dialogue herbeux

Hier, en fin de journée, j’entraîne Pomme dans le jardin pour qu’elle puisse se dérouiller une dernière fois les pattes avant la nuit.
A l’instant précis où elle commence son tour d’honneur en cumulant les bonds d’antilope, un monsieur très âgé mais très en forme passe devant le jardin.
Il s’arrête, nous nous saluons, il se penche vers Pomme pour la caresser et nous plaisantons sur ses ascendances bondissantes.
C’est à ce moment, en regardant vers le sol, qu’il me dit:

– Attention: c’est de l’herbe.

Heu…
Je ne savais pas trop quoi répondre quand il a poursuivi:
– Non, non, je ne suis pas sénile! Je veux simplement vous dire qu’il y a de l’herbe dans le gazon. Ce n’est pas bon.
-…
– Venez voir!

Je m’approche et trois têtes, dont la mienne et celle de Pomme se penchent avec intérêt sur le sol du jardin.
Le monsieur continue;
– Vous voyez ça? C’est le gazon. Et ça, là… c’est de la mauvaise herbe!
– Aaah, je comprends! Notez que pour moi, du moment que c’est vert…
– Oui, mais à force, si vous ne faites rien, la mauvaise herbe va envahir le gazon et vous aurez une prairie!
– C’est bien aussi, les prairies…
– Mais ce n’est plus une pelouse.

Imparable.
J’explique que je ne suis pas la préposée en charge du gazon, mais que je ferai remonter l’information à qui de droit.
– Non, non, laissez: je passe souvent, je le dirai à votre voisin le jour où je le croiserai.

J’opine et il m’adresse un clin d’oeil:
– Enfin.. ce n’est peut-être pas si important que cela. Après tout, les bichons antilopes, c’est plutôt dans la savane qu’ils s’épanouissent!

Martine Bernier

 

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